Changement de décors "Rachel"

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Errant un peu au hasard sur le bord du lac, un cahier sous le bras, Adam avait les yeux ouverts mais on pouvait se demander s'il ne rêvait pourtant pas. Pour ceux qui ne le savaient pas, Adam avait une passion, c'était le basket, une passion qui se transmet chez sa famille depuis des années, mais depuis Katrina Adam ne joue plus, ses troubles psychoaffectifs l’en empêche, il ne cesse de répéter qu’il va mieux à présent mais il reste toujours aussi dépressif, complètement perdu entre deux mondes. Depuis qu’il vit ses rêves de reprendre le Basket disparaître pour un temps, Adam se passionne pour autre chose : le dessin. C’était donc pour cette raison que quiconque le croisait ces derniers jours le voyait avec un cahier sous le bras. Comme un lecteur avait toujours un livre avec lui, comme un écrivain avait toujours un cahier et un crayon avec lui, comme un chanteur pouvait toujours écouter de la musique en toutes circonstances ou se Balader avec une guitare, Adam lui avait laissé son ballon de Basketball, c'était un cahier et un crayon gris qui l’accompagnait. Son air rêveur de l'instant venait essentiellement d'une lettre qu'il avait reçue de son frère, Billy, plus jeune que Mike qui est décédé mais plus grand qu’Adam. Il lui annonçait la nouvelle de la publication prochaine de son second roman, un récit mi-autobiographique mi-fiction. Cette nouvelle lui avait fait revenir de tendres souvenirs de son enfance, où lui et ses frères avait fait le projet dès leur 11 et 13 ans de travailler ensemble plus tard, à l’époque, ils étaient tous les trois dans une équipe de basketteurs, ça lui rappel aussi son grand frère Mike, de qui il était très proche, sa dépression remonte à longtemps, à la mort de Mike, Adam commençait déjà à déconner mais le déménagement de New-York jusqu’en Nouvelle-Orléans lui permit de se reconstruire mais il replonge une nouvelle fois dans cette maudit spirale.
Son pied heurta un caillou, ce qui fit dévier son esprit de ses pensées et il s'arrêta un moment devant l'immensité du lac devant cette lande jaune et chaude par cette journée ensoleillée. Cédant à son envie d'immortaliser ce paysage sur son calepin, il s'arrêta, sortit son crayon et dessina le paysage devant lui. Un rapide croquis aux fins et vifs coups de crayon qui prit vite forme et vie sous sa main, cette main en attente d'exercice depuis si longtemps. Cinq minutes seulement plus tard, il recula son cahier de ses yeux et laissa son regard errer sur la feuille à la recherche des moindres détails que ceux-ci avaient captés sur le vrai paysage.
Satisfait, il rangea son cahier sous son bras et le crayon gris dans sa poche, et se remit à marcher d'un pas lent et tranquille.

Quittant la nature pour la vie citadine, il eut l’étrange impression qu’un bloc de gens se dirigés vers une même destination, curieux, il suivit, pour atterrir au J&B and M. Le festival lui avait complètement sorti de la tête ! Comment avait il pu oublier l’évènement de la ville ! Celui dont tout le monde en parle. Fan de musique, il se sentit néanmoins morose, le décor, les gens, la musique et les autres activités présentes dans les rues du quartier n’arrivaient pas à le transporter comme il semble en être le cas pour tout le monde ici.

Il arriva bientôt au pied d'une scène qui surplombait la rue, la bloquant carrément et levant les yeux, il s'aperçut de la présence de plusieurs instruments sur la scène. Il se demanda à qui appartenaient-ils et ayant une soudaine idée, il reprit son calepin, l’ouvrit et ressortit son crayon. Puis il dessina. De la même manière, tout d'abord ça ressemblait à un croquis puis il y ajouta les détails qui ajoutaient le réalisme, petit à petit, Adam sentit des gens se réunir autour de lui, mais pas pour lui, plutôt pour les personnes qui étaient en train d’arriver sur cette scène. Se sentant presque étouffer, bizarrement stressé par toute ces voix, tout ce bruit, il sentait que sa tête allait exploser ! Poussant tout le monde sur son passage, il avait besoin de calme, du calme ! Pressé, ne regardant pas devant lui, il bouscula de plein fouet une personne, son calepin tomba parterre, se précipitant pour le ramasser, il ne fit même pas attention à la personne qu’il bouscula….

Lorsque Rachel ouvrit les paupières au petit matin, les rayons du soleil traversaient la pièce qu'ils berçaient d'une douce chaleur. Et pourtant...
Battant des paupières face à la lumière quelque peu faible, un mal de tête des plus tenaces lui donna immédiatement la nausée. Tournant légèrement la tête vers sa table de chevet, elle aperçut plusieurs pilules entassées les unes sur les autres, ses antidépresseurs...Les souvenirs revinrent alors en trombe dans son esprit. Les larmes, sa crise de folie, le miroir brisé, les pilules qu'elle avait ingurgité les unes après les autres. Aussitôt, les larmes perlèrent à nouveau dans le coin de ses yeux. Non, pas maintenant, il ne fallait pas pleurer, pas encore...C'est avec un gémissement de douleur que la jeune femme se leva alors, les cheveux entremêlés par mèches. Elle traîna des pieds jusqu'à la salle de bain, où gisaient encore des morceaux de verre sur le carrelage. Fallait-il préciser qu'elle avait hurler face à son miroir en enfonçant rageusement ses poings dans le verre fragile...? Probablement pas.

Elle fit couler de l'eau chaude dans la cabine de douche, puis après avoir patienter quelques instants, se risqua à se mouiller le visage. Les minutes s'écoulèrent tandis que Rachel était recroquevillée en boule sous le puissant jet d'eau. Les paupières fermées cette fois-ci, elle essayait en vain de se vider la tête, faire le vide total sur les évènements précédents. Elle ne devait pas rester ainsi, il fallait aller de l'avant. Mais cela lui semblait si difficile...si lointain, si éprouvant à atteindre. Finalement, elle sortit de la douche, s'enroula dans une serviette de bain, et passa toute une matinée à lire son bouquin de chevet.

Elle avait tort de rester ainsi enfermée, alors que le soleil radiait au dehors. Tout aurait dû la rendre d'humeur joyeuse. Agacée, prostrée, elle se glissa rapidement dans son short en jean, récemment acheté pour se changer les idées. Elle enfila par la suite une chemise à carreau grise et marron, celle que sa mère adoptive lui avait offerte pour son dernier anniversaire. Son cœur se resserra alors en laissant dériver son esprit vers sa mère. Mais peut importe, sortir lui ferait certainement du bien.

Rachel descendit quatre à quatre les escaliers de son appartement, puis s'engouffra dans l'air tiède que réchauffait le soleil. Quel plaisir, enfin, elle allait pouvoir tranquillement se balader tout en exposant sa peau au soleil. Néanmoins, son plaisir fut de courte durée. Déjà, une grande foule se formait au loin, et son cœur fit alors un bond dans sa poitrine, rien qu'à l'idée de s'y mêler.
N'ayant guerre le choix cependant, elle se fondit rapidement dans la foule, le vent faisant virevolter négligemment ses cheveux. Se frayant tant bien que mal un passage à travers la population ici rassemblée, son ochlophobie refit surface. Rachel ne l'avait encore avoué à personne, mais elle avait une peur étrange des bains de foule et des rassemblements de personnes en général. La musique battait son plein dans toutes les rues des environs, provoquant les acclamations du public. Ses oreilles bourdonnaient, lui faisant affreusement mal, en plus de son mal de tête. Son regard perdu parcourait sans cesse les gens, alors qu'elle se faisait bousculer de tous les côtés. Le malaise de sa phobie prit bientôt le dessus...La jeune femme se mit à pâlir dangereusement, son pouls s'accéléra de plus belle, accompagnant ainsi le rythme de la musique. Il fallait qu'elle sorte, il fallait absolument qu'elle s'éloigne de cet endroit. Prise de vertige, ses yeux s'embuèrent, et elle n'était plus sûre de marcher droit. Elle leva les yeux, sans vraiment apercevoir la foule. Elle n'entendait plus que les rires du public, le tambourinement incessant de la musique, la foule déchaînée. Malgré un gémissement de douleur, il fut sans mal couvrit par le bruit environnant. La jeune femme se passa une main glaçée malgré la chaleur sur son visage plus pâle que jamais, et titubant tout en se frayant désespérément un chemin parmi la foule déjantée, elle fut soudainement percutée de plein fouet par un inconnu. Ne tenant plus vraiment sur ses jambes, elle tituba et trébucha jusqu'à s'écrouler sur un groupe de jeunes gens, assistant au spectacle.

Finalement, elle recouvra légèrement ses esprits, du moins assez pour adresser la parole à la personne qui l'avait violemment bousculée sans même une excuse.

-Excusez-moi, cria-t-elle presque pour couvrir le bruit permanent, en s'adressant au jeune homme.

Elle se rapprocha un peu plus de celui-ci afin de pouvoir lui parler sans hausser la voix. C'est alors que Rachel put reconnaître la carrure d'Adam, et aussitôt, ses joues s'empourprèrent. La jeune femme cligna des yeux, étourdie par la chute, avant de reprendre.

-Comment fait-on pour...sortir de cette foule...? demanda-t-elle la voix peu assurée, en prenant soin de faire comme si elle ne l'avait pas reconnu.

Le son qui aboutissait aux oreilles d’Adam devenait de plus en plus indésirable. Il avait l’impression que ces tampons allaient exploser tellement l’intensité du bruit lui faisait mal au crane. Depuis Katrina, le brouhaha des autres provoque chez Adam une diminution de ses capacités de concentration mais aussi une fatigue physique et le stress psychique. Les troubles nerveux sont toujours présents dans la vie d’Adam, le jeune homme a consulté pleins de médecins, prit des médicaments, suit en ce moment même une thérapie, mais les séquelles que laissa Katrina n’ont toujours pas disparus.

« Par pitié, laissez-moi tranquille. » Cette phrase revient de plus en plus souvent chez Adam, parfois même il ne se rend pas compte lorsqu’il la prononce à haute voix, mais même s’il le faisait à ce moment, personne ne l’entendrait.

Par exemple, si l'on pouvait dire ainsi, Adam joignit le geste à la parole lorsque son téléphone cellulaire se met à sonner, il ne prend même plus la peine de considérer s'il s'agissait de telle ou telle personne, se contentant de refuser l'appel, d'éteindre son portable, et de le glisser dans le fond de la poche de son jean. Il n'avait vraiment plus aucune envie d'être harcelé, entre les erreurs, les demandes, les répétitives conversations futiles et ennuyeuses qui variait souvent très peu d'un "Salut, ça va ?" à un "Quoi de beau ?" si bien que n'importe qui en aurait eu assez, sans doute même bien avant Adam.

Tout n’était pas nécessairement aussi simple étant donné qu’il aurait apprécié quelque appel de Charlie ou de Maika, ou même de Stacey, mais il n’y avait rien à faire, sauf si le dernier avait été de l’une ou de l’autre, il s’agissait sans conteste de personne qui indifférait Adam ou alors qu’il n’avait aucune envie de voir pour le moment. Peut être un petit peu blasé sur les bords Mr Walsh ? L’on pouvait dire ainsi, et le simple fait qu’il ne désire voir que l’une ou l’autre de ces personnes était d’ailleurs extrêmement significatif si l’on prenait en compte le fait qu’il se trouvait être quelqu’un d’ouvert, de sociable, et toujours prêt à écouter les autres. Cependant, les choses n’étaient pas forcément aussi simples que tous aimaient à le croire. Surtout ces temps-ci, Adam avait changé. Il voulait s’enfermer dans ses pensées dans un coin ou il pourrait respirer l’air frais, laissait le vent balayer les alentours, seul trouble au silence.

Mais c’est le contraire qui se produit pour lui, poussant presque tout le monde sur son passage, Adam voulait quitter ce lieu le plus rapidement possible. Mais en ne prenant pas la peine de regarder là ou il mettait les pieds, Adam finit presque inévitablement par bousculer une personne, le choc fut fort, même qu’il fit tomber son précieux calepin qu’il ramassa précipitamment ne prenant pas la peine de s’excuser.

En relevant la tête après avoir sauver son carnet, il entendit une excuse provenant d’une voix féminine. Adam reconnu tout de suite le joli visage de Rachel Spencer malgré ses tourments, mais il avait l’impression que ce n’était pas le cas de la jeune femme. Il la regardait intrigué alors qu’elle lui demandait comment faire pour sortir de cette foule.

« C’est ce que je me demande »

Adam tentait de rester calme pour na pas paniquer à nouveau, surtout pas devant Rachel, même si elle n’avait pas l’air de le reconnaître.

« Suit moi »

Lâcha le jeune homme en prenant la main de la jeune femme pour qu’il ne la perde pas, après tout, Rachel était tout sauf une inconnue à ses yeux. Quelques mètres plus loin, après s’être démené en faisant de grands efforts pour ne pas péter un plomb avec tout ce bruit. Adam et Rachel arrivèrent à un endroit ou il y avait toujours du monde, mais le bruit était moins danse tout comme le nombre de personnes, ils pouvaient marchaient tranquillement sans faire de mal à personne. Adam lâcha la main de Rachel puis se tourna vers elle, la fixant quelques secondes sans un mot avant de ne lâcher.

« Je dois avouer que la foule et le bruit de tout à l’heure étaient capable de crypter tous les repères d’un cerveau, mais…je ne pensais pas qu’il était capable de te faire oublier mon visage…Rachel ! »